Wymera, jeune orpheline d'à peine seize ans, passa la porte de la Cité de Akanterra avant de s'arrêter, frappée de stupeur. Enfin, elle y était, à la Cité magique, havre de paix pour ceux prêt à relever les défis de cette terre promise! Elle resta un bon moment, immobile, à admirer les bâtisses élancées, blanches comme la neige et robustes comme du diamant... de grandes rues bordées d'échoppes et d'auberges, et des gens, des gens! une foule compacte constituée de toutes les créatures possibles et imaginables. Soudain, un coup sec tiré sur son sac en bandoulière lui fit reprendre ses esprits. Et oui, voilà les bémols d'une foule: il y avait toujours des voleurs à la tire.
Wymera attrapa son sac en cuir et, sans en prendre conscience, fit voler son pied qui atterrit en pleine figure du gobelin (où une chose y ressemblant). Son sac! Le vestige de son passé, car contenant le seul héritage de sa mère, l'héritage de son père pendant à sa hanche... Le gobelin pressa une main contre son nez en sang en lançant un juron, avant de prendre la poudre d'escampette.
La jeune fille s'éclipsa dans l'auberge la plus proche, pour échapper aux regards inquisiteurs de quelques badeaux autant que pour vérifier le contenu du sac en cuir. Elle fit un signe au teneur de l'auberge, qui s'empressa de lui apporter une soupe chaude. Elle secoua ses longs cheveux qui changeaient de couleur selon son humeur (étant donné qu'elle était fatiguée, souillée de terre et de sueur et qu'elle avait mal au pied, ils étaient marron foncé et sans éclat) et jeta un petit coup d'oeil à un miroir qui bordait un mur en face d'elle. Sa frêle carrure la désappointa un peu, elle aurait aimé ressembler plus à son père, avec son corps mince et élancé elle avait l'air d'une proie facile pour les bandits de grands chemins, comme l'avait prouvé l'évènement auparavant, dans la rue. Cependant, elle aimait ses yeux, d'un bleu profond; sa mère disait toujours qu'ils avaient quelquechose d'envoûtant. Ah, l'hypnose! Wymera tentait de s'y perfectionner, car c'était pour elle un pouvoir encore plus puissant que celui de pouvoir faire jaillir de ses mains un courant d'air qui pouvait autant refroidir les soirées trop chaudes que balayer des bêtes trop impertinentes, dans les bois. L'orpheline secoua la tête pour chasser ses idées et se concentrer sur son futur proche.
Wymera ouvrit avec précautions son sac et en sortit une flûte traversière en argent finement ciselé, une flûte appartenant depuis des générations à sa famille. Le souvenir de sa mère lui fit monter les larmes aux yeux, et une solitaire coula le long de sa joue quand elle effleura l'épée qui pendait à ses côtés. Elle avait appartenu à son père, une épée elfique, légère pour que Wymera puisse la faire virevolter dans une valse mortelle, et si dure qu'elle tranchait la pierre comme du beurre. Ces objets la liaient à sa famille, à sa famille morte... Morte, morte, morte, cela n'était toujours pas entré dans sa tête, bien que ça faisait six ans maintenant.
Six ans auparavant...
"Papa? Maman? Réveillez vous, il fait beau deho--" La chambre était vide de tout âme. La fillette, surprise, descendit dans la cuisine artisanale pour chercher ses parents. Au moment où elle ouvrit la porte, une anomalie lui apparût: bien qu'ils étainet en printemps, il n'y avait pas de piaillement d'oiseaux dehors. Etrange, mais pas inquiétant, se dit Wymera et ouvrit grand la porte... et hurla. Ce n'était pas possible! Elle rêvait! Dans la cuisine se trouvaient une dizaine de soldats, des mercenaires issus des contrées les plus étranges présentes sur terre, et ils tenaient en joue sa mère, une douce et frêle beauté, et son père, le géant bourru à l'extérieur mais possédant un coeur d'or.
Puis, tout sembla tourbilloner autour d'elle. Elle aperçut dans le nuage brumeux qui l'entourait qu'un soldat levait son arbalète, la visait, son doigt pressait la détente, et il riait... Wymera vit une flèche s'engageant sur son chemin mortel. Tout lui parut ralenti, bien que la scène ne dura qu'un millème de seconde... Sa mère se dégagea en hurlant, et se jeta devant sa fille, pour protéger la chair de son sang... Wymera s'évanouit avant que la flèche ne toucha et transperça le corps de sa mère. Elle ne vit pas le cadavre de ce qui avait été sa mère se replier dans un dernier soubresaut, le visage figé dans une grimace de douleur éternelle, avant de flotter doucement à terre. C'était sa mère qui lui avait transmis son pouvoir de l'air. Elle aimaient, ensemble, faire des jeux où le vent qu'elles dirigaient fit tourbilloner les feuimlles mortes, plier les roseaux dans une réverence gracieuse... mais ce pouvoir ne lui servait à rien en ce moment là, elle était morte. Morte.
Elle se réveilla à temps de son inconscience pour voir son père se lancer contre ses gêoliers, le fer à blanc, il tenait cette épée qu'elle possédait aujourd'hui... La rage du désespoir décupla ses forces. Il trancha la tête de deux soldats en même temps, avant qu'ils n'aient le temps de réagir, et en pourfendit un autre avant de prendre un coup dans le bras gauche. Il se battait comme une furie, encaissant les coups et les rendant, mulitpliés par dix. Un seul ennemi lui restait, le plus coriace, mais son père était grièvement blessé et ne tenait que par la volonté sur ses jambes zebrées de blessures. Ils attaquèrent en même temps, leurs épées touchèerent leur cible en même temps, et ils s'effrondèrent tous les deux. Cela rendit la vie à Wymera. Avec un cri de désespoir, elle se lança vers son père. Il respirait avec difficulté, de la sueur mêlée à du sang lui brûlait les yeux. Il regarda vaguement sa fille et esquissa un sourire. "Ma... fille..."... Wymera pleurait toutes les larmes de son corps et pris la tête de son père dans ses bras. "Prend cette épée... elle est magique... et... la flûte... enchantée de ta... mère... et fuit... notre paisible pays... est infesté de pilleurs, soldats et de haine... Ce n'est pas u endroit pour... toi... fuis... la cité de... Akan...terra..." Son souffle se fit plus saccadé, "vas-y... et... profite... de ta... vie... et... ne nous oublie pas... ma fille..." Il hoqueta soudainement, ses yeux s'exorbitèrent, et il rendit son souffle aux dieux.
Le lendemain, Wymera quitta on village, dévasté par les forces étrangères, avec pour seul compagnon son épée, sa flûte, et... la peur.
Son périple la fit traverser des contrées bizarres et inconnues, elle rencontra des gens bons et moins bons, et même si elle rêvassait et prenait du bon temps, elle avait cependant un unique but à ses yeux: la Cité de Akanterra.
Six ans plus tard...
Wymera décida de rester dans cette auberge jusqu'à savoir ce qu'elle ferait ici, dans cette ville magique.
A bon entendeur, salut!