Gwenaël Stonyheart, en chemin vers Akanterra

Gwenaël regardait le soleil poindre à l’horizon. Au loin, elle distinguait les murailles de la cité d’Akantarra, but de son long périple. Un borborygme provenant de son compagnon la fit se retourner. Celui-ci, étendu sur le dos, laissait par instant échapper quelques vapeurs d’hydrogène qui s’enflammaient au contact de l’air. Elle se dit qu’il devait sûrement rêver. Le feu crépitait encore par moment mais ne tarderait pas à s’éteindre. A quoi bon le rallumer se dit-elle, il fera bientôt jour… Le dragon poussa quelques petits soupirs plaintifs et ouvrit ses larges yeux rouges.

--« Gwen ! Déjà debout ? Avec toi il n’y a vraiment pas moyen de lézarder » soupira celui-ci dans un parfait latin.
--« Le monde sourit à ceux qui se lève tôt l’ami ! » lui répondit-elle. Elle avait pris l’habitude de l’appeler tout simplement : « L’ami » Car, d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, il n’avait jamais voulu lui révéler son nom. « Le nom d’un dragon ne se prononce pas. » avait-il un jour conclu en guise d’explication. Elle le dévisagea. Sous ses airs parfois bourrus, il était l’ami le plus fidèle qu’elle eût jamais rencontré. Son dos, couvert d’écailles bleu-nuit parsemées de losanges noirs contrastait avec un ventre beige légèrement bedonnant. Son crâne, prolongé par une mâchoire pointue surmontée de deux nasaux proéminents, était coiffé de deux cornes rouges pointant vers l’arrière. Son ami qui ne possédait pas d’ailes – suite au croisement entre dragon chinois et européen – la dévisagea à son tour :

--« Tu ne va quand même pas te présenter à l’école dans cette tenue ? » lui dit-il sarcastique.
--« Qu’est-ce qu’elle a ma tenue ? » renvoya-t-elle aussitôt.
--« Tu ne t’es pas regardée ? On dirait que tu sors de ton bain ! » lança-t-il goguenard.

Pour tout vêtement, Gwenaël portait un deux-pièces de couleur blanche dont le bas, prolongé d’un pagne était rehaussé d’une ceinture de bijoux. A son cou, un collier d’or incrusté de rubis descendait à la naissance de deux seins lourds qu’elle arborait fièrement et pour terminer l’ensemble, une toque amarante ornée aux poignets de motifs cousus d’or, lui descendait jusqu’aux pieds qu’elle portait nus. Sa chevelure marron remontée en queue de cheval contournait deux oreilles pointues qui révélaient au premier coup d’œil qu’elle était Elfe. Son visage, aux lèvres sensuelles était prolongé par un petit nez mutin qui accentuait l’éclat de ses profonds yeux verts. Yeux changeant d’ailleurs car leur belle émeraude pourrait en un instant se transformer en deux rayons d’un blanc éclatant capable de vous glacer le sang jusqu’à vous geler définitivement le cœur. C’est à ce don qu’elle devait probablement son nom notre belle Gwen : « Stonyheart ou Cœur de pierre. » Ce patronyme lui allait parfaitement car si elle appréciait de passer de longues soirées en tête-à-tête avec son compagnon, à se raconter des histoires et se poser des énigmes, elle appréhendait entre toute chose de se trouver seule en présence de quiconque. Chasseresse, elle vivait volontairement en ermite et aussi loin qu’elle se souvienne – elle avait maintenant 540 ans – elle avait toujours été en présence de dragons, être qu’elle appréciait pour leur haute intelligence et leur profonde amitié. De sa famille, qu’elle avait quitté à l’âge adulte, elle n’avait plus jamais voulu entendre parler, prétextant leur méfiance envers ses nouveaux amis comme raison suffisante pour ne plus revenir au village natal. Elle n’était pas vraiment une proscrite mais se sentait cependant plus épanouie auprès de son ami confident de ses secrets et toujours attentif à son bien être.

Le soleil dardait maintenant ses rayons sur le campement, le feu était éteint, et ils se décidèrent à plier bagages. Gwen passa par dessus sa tête son carquois empli de flèches soigneusement rangées et enduites de venin de dragon. Elle prit son arc long dont le merisier tendu par un solide boyau d’Orc lui permettait des traits de précision à plus de trois cents mètres et une besace qu’elle passa en bandoulière. Ensemble, ils entreprirent de dévaler le promontoire qui leur avait servi de refuge pour la nuit. Il restait une longue journée de route avant d’atteindre les portes de la ville et ils pressèrent le pas.


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Trés belle présentation.

[fiche Validée]